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  • Le quartier du Bizet

Le quartier du Bizet

Plan du quartier

Ce quartier est situé au Nord-Est de la ville. Il est ici délimité au Nord et à l’Est par la frontière avec la Belgique, à l’Ouest par le ruisseau des Rabèques qui entoure les Près du hem et au Sud par la rue du Maréchal Joffre. Il inclut notamment les avenues Marc Sangnier et Léon Blum. 

L’origine du nom Bizet serait liée à un café du même nom qui existait autrefois dans ce quartier. Ce café accueillait de nombreux coulonneux et chasseurs de « biset », un pigeon sauvage au plumage gris bleuté.

Au commencement

Le Bizet est le bout du monde. Bien loin de la ville fortifiée d’Armentières, on y accède par un chemin appelé chaussée de Flandre. Ce chemin part de la porte nord de la ville, la porte de Flandre, située approximativement à l’angle des rues des Fusillés et Guynemer et empreinte le tracé équivalent à celui de l’avenue Marc Sangnier. 


Il traverse le lieu-dit de la Motte, ancienne seigneurie qui comprenait une cense et des moulins et qui correspond aujourd’hui au quartier Léo Lagrange. Sur ce chemin on ne trouve quasiment aucune habitation et le hameau n’apparaît sur aucune carte. Pourtant, son identité semble déjà bien établie puisqu’un document de 1535 fait mention du Bizet.

Au 15ème siècle, par le jeu des mariages princiers, la Flandre devient autrichienne puis espagnole. Mais le roi de France entend bien rattacher cette région à son territoire. En résultent plusieurs décennies de combats entre les Français, les Autrichiens et les Espagnols pendant lesquels Armentières est assiégée, incendiée et ravagée. 


C’est finalement en 1668, sous Louis 14, que la Flandre est rattachée à la France par le traité d’Aix-La-Chapelle. Armentières devient française, à l’exception du Bizet et de l’Attargette qui restent espagnoles. 


En 1715, suite à de nouveaux traités, le Bizet redevient autrichien. Puis en 1779, par un échange de territoires, le Bizet devient enfin français. 


Après la bataille de Waterloo en 1815 et le traité de Courtrai en 1820, le Bizet est coupé en deux : une partie reste française, l’autre devient hollandaise puis belge en 1830 lorsque naît la Belgique. 

Plan du siège d’Armentières en 1645. Les terres du Bizet font office de champ de bataille. 

Cadastre de 1803

Au début du 19ème siècle, le Bizet compte 147 habitants résidant dans 32 maisons, 2 cafés et des fermes. La chaussée de Flandre est rebaptisée chemin du Biset. 


Elle traverse toujours le « quartier de la Motte » et longe la ferme de la Motte, située le long de la Lys. 

En 1833, le paysage évolue peu. 


On trouve toujours les fermes et un moulin. Le chemin du Bisez est pavé et est désormais coupé par le chemin de la Motte qui traverse le secteur du Gueldre de la Motte. Son tracé équivaut à peu de choses près à celui de la rue du Maréchal Joffre. 

Cadastre de 1833

Au 19ème siècle

Cadastre de 1833

Le Bizet est un hameau

Usine Vandewynckele, 1927

Comme le reste d’Armentières, le quartier entre dans l’ère industrielle. 

En 1862, l’industriel Joseph Vandewynckele installe une blanchisserie entre la Lys et le chemin du Bizet, à l’emplacement actuel de l’institut Nicolas Barré. 

Cour Savary, avenue Marc Sangnier, 1998

Après travaux de rénovation

Cour Savary, avenue Marc Sangnier, 1998

Avant travaux de rnovation

L’usine attire les ouvriers qui viennent s’installer à proximité dans des cours et cités qui portent le nom de leur constructeur.

 

Les cours Tancré (1886-1921), Liébart (1872-1901), Daverdon (1886-1921), Savary (1886), la cité Persyn (1886-1921) sont construites face à la blanchisserie et les cours Rohart (1886 aujourd’hui cour Mouret), Saint-François (1886) et Saint-Charles (1886-1891) à la frontière avec la Belgique. 


Chaque cité comporte une dizaine de maisons qui abritent autant de familles d’ouvriers.

L’église Saint-Joseph du Bizet, avant 1914

La population du Bizet est grandissante et il manque alors un élément essentiel à la vie de quartier : une église. 

En 1882, l’abbé Charles Berteloot, curé-doyen de Saint-Vaast, obtient de M. Vandewynckele le terrain nécessaire à l’édification de l’église, route du Bizet. 

L’église Saint-Joseph est construite en 1884. Une nouvelle paroisse est née.

En 1891, la congrégation des Filles de la Sagesse ouvre une école privée à côté de l’église Saint-Joseph. En 1905, avec la loi de laïcisation, les religieux sont interdits d’enseignement et l’école disparaît. D’autres écoles libres et privées s’installent aux côtés de l’église mais les classes sont tenues par du personnel laïc. 


Le début du 20ème siècle est aussi le début de l’électrification du quartier. En 1901, une ligne de tramway électrique est inaugurée. Elle effectue la liaison entre la gare d’Armentières et l’église du Bizet en passant par la rue de la Gare, la rue de Lille, la rue de Flandre et le chemin du Bizet.

L’« car » électrique, route du Bizet, en direction du pont de l’Attargette, début du 20ème siècle

En 1906, grâce à un contrat passé avec la compagnie des tramways, le Bizet bénéficie de l’éclairage public, installé par les Établissements Paul Pouchain.

L'électrification des quartiers de l'Attargette et du Bizet, avant 1914

Plan du terrain de la briqueterie Debosque, 1911

En 1911, Maurice Debosque installe une briqueterie sur un terrain de 25 hectares situé entre l’église Saint-Joseph et la frontière belge. Cette construction fait l’objet de protestations de la part des riverains qui avancent des problèmes d’hygiène par la poussière que la briqueterie générerait, et des problèmes de sécurité car l’entreprise attirerait les ouvriers belges qui semblent souffrir alors d’une moralité peu recommandable dans ce quartier « paisible ». 

En 1911, une nouvelle rue est percée à l’extrémité nord du chemin du Bizet, la cité Saint-Eloi. 

Elle devient rangée Saint-Eloi en 1914, cour Saint-Eloi en 1921 et enfin rue Saint-Eloi en 1931.

Depuis l’établissement de la frontière franco-belge en 1820, des postes de douanes sont établis sur les chemins d’accès menant à la Belgique, pour contrôler les marchandises illégales entrant sur le territoire français. Des produits lourdement taxés en France comme le tabac, le sucre ou le café sont amenés illégalement de Belgique. Les « fraudeux » rivalisent d’imagination pour passer la frontière avec des produits de contrebande.


En 1989, avec l'intégration européenne, le centre régional des douanes supprime le poste de douane du Bizet. Le service des douanes devient douane mobile, circulant le long de la frontière.

  • Poste de douane Les Quatre Poteaux, rue Marcel Wramour, vers 1960

    2022
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  • Poste de douane à la frontière franco-belge


  • Poste de douane La Planche, rue Albert 1er


  • Poste de douane au Bizet, vers 1980


La Première Guerre mondiale

En octobre 1914, les Allemands occupent la ferme de la Motte, devenue ferme Hémar, et l’usine Vandewynckele. 

A l’arrivée des Anglais, les Allemands font sauter le pont de l’Attargette, les Bizétois ne peuvent plus traverser pour se rendre au centre de la ville. 

En 1915, la ferme Hémar est incendiée suite à l’explosion d’un dépôt de munitions et l’église est détruite par les bombardements. 

Le quartier du Bizet, où vivait 1800 habitants, est détruit.

La reconstruction

Au lendemain de la guerre, tout est à refaire.


Le pont de l’Attargette est reconstruit en 1921, rétablissant ainsi la circulation avec le centre de la ville. Les lignes de tramway ne sont pas reconstruites. 

En 1921, M. Debosque fait construire 12 maisons réservées aux ouvriers de sa briqueterie, c’est la cité Albert Debosque.

Il fait construire d’autres maisons ouvrières un peu plus tard, dans la rue Albert 1er, ouverte en 1931. 

Cité Albert Debosque, vers 1980

Rue Albert 1er, vers 1970

En 1924, un cinéma “Le Casino” est ouvert chemin des Rabecques.


En 1930, toute la ville est desservie en eau potable sauf le Bizet.

Vue de la façade du Casino, vers 1930

2022

L'école de garçon dans les années 1930

En 1931, le groupe scolaire du Bizet ouvre ses portes, construit par l’architecte Delplace.


L’école comprend 4 classes de garçons, 4 classes de filles et 2 classes de maternelle.


Avant que le groupe scolaire n'existe, les enfants étaient scolarisés soit à l'école privée de Saint-Joseph, soit au Bizet belge, soit aux écoles Anatole France pour les filles et Philippe de Girard pour les garçons. 

En 1931 toujours, apparaît la rue du Maréchal Joffre et, perpendiculaires à celle-ci, les rues des Bleuets, des Pâquerettes et des Coquelicots pour rappeler les couleurs du bâton du Maréchal Joffre. 

Ces rues voient naître une cité ouvrière.

Rue des Pâquerettes, vers 1980

Les troupes allemandes arrivant au Bizet, 1940

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le pont de l’Attargette est de nouveau détruit, isolant une nouvelle fois le Bizet du reste d’Armentières. 

L'expansion du quartier

Après la Seconde Guerre mondiale, la vie économique reprend. 

Le besoin de nouveaux logements devient problématique, c’est la crise du logement. 

Le centre ville est saturé. On cherche à implanter les nouvelles constructions là où il y a de la place, en périphérie de la ville. Le Bizet et ses terres agricoles offrent alors un potentiel foncier important.

Rue Ferdinand Buisson, 1981

Au début des années 1950 sont construits les premiers lotissements de maisons en accession à la propriété. C’est le cas au Bizet en 1952 rue Saint-Eloi, rue Ferdinand Buisson (ouverte en 1954) et rue Ernest Renan (ouvert en 1957). La ville et la société HLM réalisent un groupe de 123 logements individuels et de 27 appartements autour du groupe scolaire du Bizet. La création de ce lotissement oblige la ville à agrandir l'école en 1954. En 1957, le groupe scolaire comporte 7 classes de garçons pour 230 élèves, 6 classes de filles pour 176 élèves et 4 classes maternelles pour 188 élèves. L'école de filles devient école Renan Buisson et l'école de garçons Ernest Renan. 

Pour résoudre la crise du logement, priorité est également donnée à l’habitat collectif de grande taille avec préfabrication en béton qui permet l'accès au confort moderne (eau courante, chauffage central, sanitaire, ascenseur) pour les ouvriers. En 1959, la ville achète les terrains de la ferme Hémar, ancienne ferme de la Motte, pour y construire 165 appartements.

Construction des immeubles HLM du groupe Hémar, 1960

Immeubles du groupe Hémar, rue du Maréchal Joffre, 1960

Rue Louis Blériot avec l'éclairage public, 1960

Les rues Louis Blériot, Marx Dormoy et Edouard Branly sont percées en 1960 à côté de la frontière belge et des lotissements de maisons individuelles y sont construits.

Les infrastructures routières se développent. En 1960 débutent les travaux de la nouvelle voie France-Belgique qui traverse le Bizet de la Lys jusqu’à la Belgique, parallèlement à la rue du Bizet. Cette dernière prend, à la même époque, le nom d’avenue Marc Sangnier. Les travaux de l’avenue France-Belgique s’effectuent en plusieurs tronçons. Le dernier tronçon est achevé en 1976 et la voie prend le nom d’avenue Léon Blum. En parallèle, le pont Ile-de-Flandre est construit en 1971, permettant à l’avenue Léon Blum de relier directement le centre ville à la Belgique.

En 1970, l’institut professionnel Saint-Louis, situé dans les locaux du lycée Saint-Jude, est à l’étroit. Celui-ci s’implante alors sur les terrains de la blanchisserie Vandewynckele, avenue Marc Sangnier. L’usine ferme en 1996, ce qui permet à l’institut de s’étendre et d’élargir son programme d’enseignement. L’institut professionnel Saint-Louis s’appelle actuellement Institut Nicolas Barré. Il s’agit d’un centre de formation, un lycée général en réseau avec Saint Jude, un lycée professionnel, un centre de formation d’apprentis et un centre de formation continue. Il obtient la labellisation “lycée des métiers” en 2009.


En 1972, les écoles Ernest Renan et Ferdinand Buisson se regroupent pour former le groupe scolaire mixte Renan-Buisson. Une salle polyvalente, attenante à l’école, est construite en 1973. Elle sert aux activités des clubs de jeunes et clubs du 3ème âge.

Foyer Renan, vers 1990

En 1975, la briqueterie Debosque cesse ses activités, laissant libre toute la partie droite de l’avenue Léon Blum. 

Terrains et étang de l'ancienne briqueterie Debosque, 1996

Ferme Gadenne, avant 1980

Lotissement rue Henri Dunant, 1983

En 1980 sort de terre le lotissement rue Henri Dunant, à l’emplacement de la ferme Gadenne, derrière les Près du Hem.

Après les années 1970, pour développer la qualité du cadre de vie, les villes sont invitées à penser leur urbanisation en intégrant les questions d’aménagement paysager et de mixité sociale. 

Les grands ensembles sont interdits de construction au profit du logement pavillonnaire et individuel, et les ZUP (zone à urbaniser en priorité) sont abandonnées au profit des ZAC (zone d’aménagement concerté). 

C’est ainsi que naît en 1982 la ZAC du Bizet à la place de la briqueterie Debosque. Le programme de construction mêle maisons individuelles et petites résidences d’appartements en locatif et en accession à la propriété. La ZAC prend le nom de Jardins des portes de Flandre et les rues Jacques Cartier, Fernand de Magellan, Samuel de Champlain et Vasco de Gama apparaissent. 

La destruction de la briqueterie Debosque en 1981.
La construction de la ZAC du Bizet en 1982.
L'inauguration des premières constructions de la ZAC en 1984.

En 1991, du côté de la frontière s’ouvre la rue Jean Monnet où sont construits 52 logements pour personnes âgées, appelés résidence « Palade ».

Maisonnettes pour personnes âgées, rue Jean Monnet, 1991


Pose de la première pierre du centre social, 1994

Inauguration du centre social des Quatre Saisons, 1995

En 1995, le centre social des Quatre Saisons est implanté sur un terrain de la rue du Maréchal Joffre.

A la fin du 20ème siècle, le quartier compte 6000 habitants.

Au 21ème siècle

En 2001, de nouvelles tranches de travaux sont réalisées dans la ZAC du Bizet. La place des Acacias, les rues des Chênes, des Charmes, des Saules, des Magniolias et des Tilleuls et les allées des Glycines, de la Lavande, des Bruyères, des Camélias et des Hortensias sont ouvertes en 2003 et ainsi nommées en raison de la place consacrée à l’aménagement paysager.

Ouverture du chantier de construction de la ZAC, 2001

Terrains de la ZAC du Bizet, 2001

Construction des maisons, 2002

Place des Acacias, 2010

En 2005 et 2008 apparaissent respectivement les rues des Ormes et des Marronniers, toujours intégrée à la ZAC et dédiées à des logements locatifs et des maisons individuelles.

Rue des Marronniers, 2010

Conclusion

Longtemps situé hors agglomération, tantôt appelé le le bout du monde, le hameau ou la banlieue d’Armentières, le Bizet rejoint progressivement la cité, avec l’implantation de l’industrie au 19ème siècle, puis le développement de l’urbanisme au 20ème siècle. Il reste considéré aujourd’hui comme un quartier à part de la ville par son histoire et par l’attachement des Bizétois à leur quartier. 

Crédits

Conception et textes : Archives municipales d'Armentières